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Les usages de drogues dans les DOM en 2014 chez les adolescents et les adultes

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Synthèse des résultats en outre-mer des enquêtes Baromètre santé et ESCAPAD

Les comportements d’usage de produits psychoactifs de la population des outremer apparaissent contrastés d’un territoire à l’autre et selon les produits.

L’enquête ESCAPAD a montré à plusieurs reprises que les adolescents ultramarins étaient globalement moins consommateurs de substances psychoactives. Cette tendance, identifiée dès le début des années 1990 par les premières enquêtes scolaires réalisées par les observatoires régionaux de santé (ORS) (Beck et Richard, 2011), se trouve à nouveau confirmée par le dernier exercice de l’enquête ESCAPAD en 2014 (Le Nézet et al., 2015). Cette enquête a notamment établi qu’en 2014, le tabagisme est deux à trois fois moins élevé dans les DOM qu’en métropole et que la consommation de cannabis y est moins fréquente. De même, les niveaux de consommation d’alcool (régulière ou ponctuelle importante) y sont nettement inférieurs. Les résultats du Baromètre santé 2014 montrent que cette moindre consommation des jeunes perdure à l’âge adulte, surtout pour le tabac et l’alcool (Richard, 2015b).

L’hypothèse d’une sous-déclaration spécifique aux DOM ne peut être écartée d’emblée. Cependant, les écarts observés sur les niveaux d’expérimentation et d’usages occasionnels des différentes substances sont tels qu’elle ne saurait les expliquer à elle seule. Il convient de rappeler que les méthodologies de ces enquêtes sont standardisées quasiment partout dans le monde et s’appuient sur des normes reconnues au plan international (questionnaire auto-administré pour les jeunes, enquête téléphonique aléatoire en population adulte). Ces méthodes ont déjà été utilisées dans les DOM par des équipes de l’Inpes et de l’Inserm pour documenter d’autres questions de santé publique ou thèmes sensibles, comme par exemple les comportements sexuels. En l’état, rien ne permet donc de penser qu’elles seraient inadaptées au contexte certes particulier des DOM. On peut signaler, en contrepoint, que les enquêtes menées dans les collectivités d’outre-mer (COM) de Nouvelle-Calédonie ou de Polynésie française ont révélé sur ces territoires des niveaux d’usage supérieurs à ceux observés en métropole4.

Au final, on observe une situation des DOM marquée par de faibles niveaux d’expérimentation et d’usages occasionnels des substances, en particulier le tabac et l’alcool.

Cependant, ces territoires ne sont pas épargnés par les usages problématiques et leurs conséquences sanitaires et sociales. Ainsi dans les DOM, et notamment en Guadeloupe et en Martinique, la part des accidents de la route pour lesquels l’alcool est impliqué est bien plus élevée qu’en métropole. Concernant les usages parfois ostensibles de crack/freebase, les consommateurs, bien que très visibles, restent toutefois peu nombreux. Ces résultats mettent en lumière la partie de la population des DOM qui se révèle peu ou pas intéressées par les substances psychoactives. Seule une enquête ethnographique pourrait montrer qu’ils ont des représentations et des motivations différentes ou des intérêts distincts, comme par exemple la recherche de sensations par le sport et la performance, peu compatible avec des consommations importantes de tabac, d’alcool ou de cannabis. La moindre consommation constatée dans les DOM pourrait, au-delà d’une moindre disponibilité des substances illicites comme l’héroïne, la MDMA ou le LSD, être également liée à un contexte familial, social et religieux favorisant un contrôle parental et sociétal plus fort auprès des jeunes, singulièrement concernant les pratiques addictives.

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